Croyances sur la réussite et le bonheur - Carcan ou Confort?
Le confort des schémas établis et des croyances de la réussite
Le passage des jeunes dans la vie adulte dans le passé a peut être été facilité par des croyances établies, une certaine forme de conformisme. Je m’explique: la croyance que la réussite et le bonheur passent par la répétition de schémas établis et connus se prend la forme de logiques de choix de vie comme par exemple:
-
“faire ses études puis obtenir un premier emploi stable puis se marier puis faire des enfants puis acheter une maison…”
-
“faire carrière dans un secteur avec une perspective de croissance élevée fera monter plus vite mon salaire et mon statut”
-
“plus je travaille à l’école, plus mon diplôme est reconnu, plus ma carrière sera bonne, plus je serai reconnu, plus je serai heureux”
-
“plus j’ai de compétences, plus j’aide mon entreprise à gagner en productivité, plus mon entreprise gagne de l’argent, plus ma carrière accélère”
-
“pour survivre une entreprise doit faire toujours plus de croissance et plus de profits”
-
etc…..
Ces logiques laissent moins de place à la réalisation individuelle de chacun mais apportent en même temps une sécurité de prise de décision et un chemin balisé rassurant.
CONFORT - La double sécurité des schémas établis pour les jeunes
Ces schémas pré-établis offrent en fait une double sécurité. Premièrement, ils réduisent le risque pris en faisant des choix dont les résultats sont plutôt prévisibles. Deuxièmement, ils permettent d'affirmer facilement son individualité, en faisant un pas de côté ou une progression évidente avec un risque faible.
Exemple:
1. CROYANCE : si je fais des études d’ingénieur, je vais être embauché dans une grande entreprise avec un salaire attractif et je pourrais rembourser facilement mon prêt étudiant → faible risque
2. “PAS DE CÔTÉ" Mon père était technicien, je suis ingénieur, je réussis soit mieux soit différemment. → individualité
Un des avantages de ces croyances, est que lorsqu’on démarre dans la vie dite “active” (travail, indépendance, logement, relations amoureuses, vie de famille…), on réalise des expériences sans trop douter et ces expériences construisent la confiance en ses propres capacités.
CARCAN - un chemin certes balisé mais où l’on s’écarte de ses envies profondes
Le revers de la médaille de ces schémas est bien souvent que l’on a limité sa liberté en suivant des schémas établis. Cela peut mener à des écarts entre ce que “je suis devenu” et “celui que je voulais être” qui se ressentent plus fortement plus tard dans la vie. On peut avoir l’impression d’avoir pris les décision pour satisfaire les parents
Assez classiquement, la génération née dans les années 70-80 peut rencontrer cette crise de “sens” au moment d’entamer une deuxième partie de carrière, vers 40 ans. Celà peut se traduire par des choix de vie et de carrière complètement revus, aboutissant p.ex. à une reconversion professionnelle.
De nombreux facteurs font que le modèle basé sur ces croyances ne semble plus être le principal aujourd’hui. L’accélération des changements technologiques et sociaux est telle que construire un chemin balisé pour l’avenir est considéré comme une stratégie obsolète. L’incertitude est la nouvelle certitude. Cette incertitude est magnifiée par une incertitude sous-jacente majeure qui est concerne notre planète et la poursuite de l’existence de l’humanité sur terre par rapport aux catastrophes écologiques annoncées, au réchauffement brutal de la planète.
La Spirale du doute jusqu’à l’angoisse
En effet, les croyances qui apportent de la certitude pour l’avenir sont remplacées par des croyances basées sur l’incertitude. Une des nouvelles croyance fondée sur l’incertitude est qu’il ne sert à rien de planifier, comme tout change tout le temps il vaut mieux décider en fonction des opportunités, le plus tard possible.
En parallèle, l'abandon des croyances basées sur la certitude de l'avenir amplifie mécaniquement les doutes. Si je ne crois plus qu’une relation de couple c’est pour la vie, je dois moi même concevoir le mode de vie de famille que je souhaite et celà génère bien plus d’interrogations et de doutes. Ces doutes arrivent dès l’adolescence, et ne sont plus mis au second plan par la croyance en des schémas de vie préétablis. Ils peuvent générer un doute important qui empêche de se lancer dans des expériences de vie et donc d’accéder à des expériences qui vont renforcer la confiance en ses propres capacités. Ce cycle du doute, des expériences diminuées ou évitées, de baisse de confiance en soi puis de dévalorisation de soi, peuvent mener à des angoisses et des états dépressifs.
Lors de séances de thérapie brève, un des objectifs est de motiver la personne en souffrance à tenter des expériences d’une nature différente (Expérience Émotionnelles Correctrices) et qui auront pour objectif de reprendre progressivement confiance en ses capacités.